Notre revue Spectacle, Culture et Communication
AU-DELÀ DES RETRAITES, UN MODÈLE SOCIAL À DÉFENDRE !
À l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC-CFE, SOLIDAIRES, FSU et UNSA, plus de deux millions de personnes ont défilé le 19 janvier dans 200 villes en France pour s’opposer à la réforme des retraites annoncée par la gouvernement.
E. Macron feint de nous faire croire qu’il a reçu un mandat pour cette réforme. A la vérité, l’agenda a été négocié avec la commission européenne et le FMI. Il s’agit pour eux de mettre fin au « quoi qu’il en coûte » et de poursuivre la politique de cadeaux au patronat et donc aux plus riches. C’est pourquoi, il leur faut tailler dans les dépenses sociales de façon structurelle.
L’opinion a pourtant très majoritairement compris. Pour justifier le projet de loi, il n’y a ni justice ni nécessité au regard de la situation financière des régimes de retraite. Regardons de près les conséquences pour nos professions que pourraient avoir non seulement un report de l’âge légal de départ à 64 ans mais aussi de l’augmentation du nombre de trimestres ou annuités.
Ce serait alors une catastrophe pour nombre d’entre nous. L’arnaque consiste par ailleurs à annoncer une pension minimale à 1200 € bruts/mois, en réalité inaccessible à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas une « carrière complète ». Les femmes sont les plus touchées du fait des temps partiels, de la plus grande fréquence des interruptions pour élever les enfants et des inégalités de salaires. Et les jeunes mettent en général 9 ans pour avoir un CDI, et ni les années d’études, de stages, de recherche d’emploi ne comptent en trimestres. C’est aussi le cas pour les travailleuses et travailleurs en emploi discontinu, notamment les artistes et technicien·nes intermittent·es du spectacle ou encore les autrices et auteurs.
Les conséquences combinées des réformes à répétition de l’assurance chômage et des retraites aggravent les précarités. Elles sont cohérentes avec la volonté de l’exécutif de baisser les salaires en ne les alignant pas sur l’inflation. Le salaire net c’est pour vivre au quotidien, le salaire brut et donc les cotisations sont faites pour assurer un revenu de remplacement quand on est privé de salaire.
Toute baisse de salaire direct ou indirect est une confiscation des fruits de notre travail au profit du Capital ! Pourtant la riposte est possible : le gouvernement tente d’éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé. Il préserve provisoirement quelques régimes spéciaux dans ses réformes de l’assurance chômage et des retraites mais personne n’est dupe ! Cela montre au contraire que les luttes paient et qu’il faut généraliser le rapport de force pour faire plier le gouvernement !
Dans le champ culturel, la ministre Rima Abdul-Malak tente de faire comme si elle n’était pas concernée par ce contexte et les conséquences désastreuses de ces réformes. Lors des BIS (Biennales Internationales du Spectacle), tenues à Nantes les 10 et 11 janvier dernier, elle n’a pas pris la parole publiquement.
Elle s’est contentée de rencontres informelles sur les stands et avec les organisations, malgré les interpellations multiples de la profession sur les baisses de budget de certaines collectivités territoriales (telles que les conseils régionaux d’Auvergne-Rhône-Alpes et Pays de la Loire), sur le danger de l’explosion des factures énergétiques, sur le fonctionnement de nombreux lieux culturels, et donc sur l’emploi ou encore sur les suites à donner à la circulaire définissant les possibilités ou interdictions de tenir des événements comme les festivals pendant les Jeux olympiques et paralympiques (JOP 2024)… et bien sûr sur tous les sujets sociaux.
Quelle politique culturelle est possible dans un contexte de saccage des dépenses publiques, aussi bien en matière de politique générale que de protection sociale ?
Les mobilisations portent sur les retraites en priorité mais n’oublient pas l’ensemble de ces sujets : malgré la difficulté à faire grève, nous sommes déterminé·es à gagner sur tous les points !
Denis Gravouil