Mise à jour le 01 juillet 2010

 

« IMAGINEZ MAINTENANT » : L’ESBROUFE DE M.KARMITZ…

L’Opération « Imaginez maintenant ! » qu’il a lancée du 1er au 4 juillet pour un budget de 3 millions d’Euros, essentiellement concentrée sur l’auto-publicité de Marin Karmitz et son orchestre, (puisqu’à notre connaissance les interventions sur les spectacles ne dépassent pas le millième de cette somme) a eu lieu dans 8 villes de l’hexagone ainsi qu’une en Guadeloupe ponctuée d’une multitude de minis « événements brassant 3000 jeunes de 16 à 30 ans » avec le soutien de Martin Hirsch, l’ex Haut-commissaire à la jeunesse pour 2/3 et 1/3 par le Conseil de la Créativité dont le budget conserve obstinément son mystère quant à son origine.
La publicité est légèrement mensongère, puisque l’on peut observer au-delà de l’hyper exploitation des étudiants « en métiers d’art ou de création », des élèves ou des amateurs, des événements aussi novateurs que, en vrac, une visite de la ville par l’office de tourisme, une dégustation de cuvée spéciale organisée par une viticultrice de la ville… On peut aussi s’interroger dans cette grandiose esbroufe, sur le coût d’un « spectacle avec 20 comédiens » et sa prise en charge par le Conseil de la Créativité : la Direction Générale du Travail, se risquera-t-elle à vérifier la quantité de travail clandestin que le dit Conseil incite à réaliser en ne payant que l’idée, mais pas le travail qui permet de la faire exister.
Le Conseil de Karmitz confirme ainsi sa vraie nature : une créature de l’Elysée pour essayer de faire passer le plan de régression générale, organisé par le 1er Ministre. Et ce, pour simplement donner satisfaction aux agences de notation du marché, et conserver la note « AAA », exemple flagrant de la volonté d’une « France Jeune » que prône Monsieur MK2. Ce qu’il veut diffuser, ce qui compte pour lui, c’est l’idée, le concept, et bien faire entendre que tout travail de création et le coût qu’il représente est obsolète et syndrome d’une « France conservatrice » qui ne veut pas « transformer les choses » et, n’a qu’une obsession « maintenir les avantages acquis » et « ne pas déranger les corporatismes ». Il serait malvenu d’y voir un écho de la propagande gouvernementale sur la réforme des retraites !
Quelques exemples de sa prose sur notre champ professionnel devraient suffire :
- ainsi, exportant sa camelote idéologique à Basse Terre, en Guadeloupe, département dont tous ont pu connaître l’expression de ses difficultés et l’effarement gouvernemental à les gérer, Monsieur MK2 laisse entendre que le problème de la Guadeloupe, ce n’est pas la main mise sur toute l’économie par quelques békés, ni le surcoût local de la vie organisé par leurs réseaux, ni même le chômage endémique, mais bien de « sortir les jeunes créateurs de leur solitude, et de leur permettre d’être considérés, ce qui leur donnera un début de carte de visite » ;
- contre tous nos efforts de définir dans « une loi d’orientation » la responsabilité des collectivités publiques en matière de création artistique, comme lien social, comme outil d’émancipation des individus, et même comme susceptible de générer des retombées économiques sur les territoires, le Conseil de la Créativité prône le jet puissant de l’idée, et dénature comme archaïque et corporatiste toute notion de travail : ce n’est pas pour rien qu’il tolère, parmi les événements qu’il plébiscite, « un débat sur les métiers du spectacle », mais organisé par Pôle Emploi !!!
- il ose même définir une « 10ème ville », immatérielle, sur Internet où le jet de créativité sera jugé par des « jeux-concours » : c’est digne de la télé réalité des « Star Ac’ » ou autres « Nouvelle Star ».
Être créatif pour lui, c’est l’incitation à devenir riche et célèbre, (ah ! Ce « début de carte de visite »), sans travailler ! Se soucier du travail artistique, des conditions de travail ou de rémunération se résume pour lui à l’obsession du « maintien des avantages acquis ».
Monsieur MK2 veut transformer les choses en stigmatisant le champ professionnel du spectacle vivant, comme le symbole d’une « France conservatrice » sur laquelle pèse « l’académisme, représenté globalement par les institutions qui virent ce qui est nouveau car ça dérange les corporatismes ». Tout n’est donc pas perdu, Monsieur MK2 ! Certaines institutions sont dirigées par des amis qui résolument savent obéir à l’Elysée, pour mieux « déranger les corporatismes » sans aucun doute.
Chacun son modèle, certains sont fascinés par « casse-toi pauv’con » d’autres se souviennent de « la vieillesse est un naufrage ».